Tessa450
Photo: Daniel Castets - REGARDS DU SPORT

Voilà une « 
photo »que l’on pourrait trouver sur n’importe quel microstock *, que l’on pourrait acquérir en « libre de droit » pour un prix modique et qui rapporterait en « droit d’auteur » un carambar (pas certain) au photographe et avec laquelle la boîte de com n’aurait aucun souci de « droit à l’image » et se mettrait 50.000 € dans la fouille pour avoir créé une « image » en 3 par 4, « créditée » ou pas par un « © » illégal, sur les murs de la capitale.
*
on appelle microstocks, les sites internet de vente de photographies sans âme et à très bas prix dont le siège social est généralement en Amérique du Nord.

A la bonne vôtre. Ce n’est pas tous les jours que je ponds une phrase d’une telle longueur, lourdeur.
Elle contient tous les qualificatifs du langage commercial de la photographie mais dont bien peu maîtrisent le sens exact.
Qualificatifs qui font perdre des heures d’explications inutiles car au bout du compte, c’est le « combien ça coûte » qui sera déterminant.
Epuisant !
Cette même phrase soulève des questions juridiques complexes dont mon avocat, spécialiste en contrefaçon me disait que les étudiants en droit passaient des mois sur le
Code de la Propriété Intellectuelle (CPI) et la jurisprudence pour comprendre tout cela.
Mon propos est d’essayer de rendre compréhensible ce qui est fondamental, sans pour autant traiter les cas particuliers.

Au fond, l’image est mensonge, la photo est vérité:
Il s’agit de Tessa VIRTUE championne Olympique en danse sur glace aux derniers JO de Vancouver.
Cela est parfaitement vrai, sauf que, cette photo a été faite en 2004 à Courchevel et non en 2010 à Vancouver.
Cette photo est anonyme, on ne reconnaît pas la jeune fille. Donc, nul besoin d’avoir son autorisation, indispensable pour respecter son droit à l’image ?
Pas certain!
Un photographe peu scrupuleux ou ignorant du « droit à l’image » mettra cette photo « anonyme » sur un microstock sans dire la vérité sur qui elle représente. Le microstock la commercialisera, car après tout, une fille de dos c’est sans problème.
Sauf que, la jeune fille, elle, peut se reconnaître. Les habitués de ce sport la reconnaîtront aussi. Et c’est là que les ennuis commencent pour celui qui a vendu mais surtout pour celui qui a acheté et publié.
Si cette photo est diffusée en presse, pas de problème, à condition néanmoins que la légende soit conforme à la réalité. Si elle sert à faire de la pub comme il est possible de faire avec les photos des microstocks, c’est le procès assuré et perdu d’avance avec les conséquences financières qui en découlent.

L’éthique du photographe:
Oui, un photographe digne de ce nom obéit à une éthique. Une Agence de photographes professionnels, bien au fait de la loi évitera les pièges en conseillant utilement le diffuseur.
Etant l’auteur de cette photo, je sais qui j’ai photographié, dans quelles conditions, à quel moment et à quel endroit.
Sur les microstocks, vous ne saurez pas cela, ni même la moitié de cela. Vous ne saurez rien, tout simplement parce que sur un microstock, on ne vend pas des
photos, on vend des images téléchargeables immédiatement sans aucun échange avec qui que ce soit. Il suffit d’approuver les Conditions Générales de Vente et de donner son numéro de carte bleue.
Une photo c’est un moment de vie:
Une patineuse superbe, une grande championne, une artiste, adorable, qui a accepté que je la photographie pendant son échauffement pour lequel elle s’était isolée. Un instant privilégié qui n’arrive que très rarement dans la vie d’un photographe où quelqu’un se laisse aller sans que l’on ne lui ait rien demandé, sans qu’un mot ne soit jamais prononcé pendant la prise de vue. Une complicité, un échange vrai et intense qui donne un sens à la vie. Un don.
Un don c’est gratuit, mais c’est pour cela que l’on se sent redevable de quelque chose. Ce quelque chose, c’est le respect. Le respect c’est de dire la vérité sur cette photo. Je dis bien photo et pas image.
Une photo raconte une histoire. Une photo montre la vérité vue par le photographe. Une photo, c’est un bout de vie; un bout de vie en commun entre le sujet et le photographe. Et de cela on ne peut faire n’importe quoi.
Au fond, elle est là, la différence entre la vraie Agence et le microstock.
Une image, c’est une photo truquée. Une image, c’est un mensonge. Mensonge par omission sur les conditions de la prise de vue. Mensonge des retouches.
Une image, c’est une photo abîmée par un titre, un slogan.
La photo reste photo si le photographe en garde la maîtrise jusqu’à sa diffusion. Maîtrise du cadrage, maîtrise de la lumière garantie par une belle impression. Voilà pourquoi tout photographe aspire à exposer ou à éditer des livres. L’oeuvre originale reste originale.
Le droit moral octroyé à vie au photographe par le CPI, lui permet de garder la maîtrise de son oeuvre originale. Il le protège même contre lui-même.
Bien entendu, pour gagner sa vie, le photographe devra accepter que ses photos deviennent des images. Qu’elles soient abîmées par des retouches et des titres rageurs car il faut faire des compromis si on ne veut pas finir sur le trottoir. Des compromis oui, mais juste ce qu’il faut pour vivre, et un petit peu plus, pour l’encourager à travailler plus pour créer plus.


Le libre de droit, un argument commercial
libres

- « Bonjour Monsieur, c’est Valériiiiiie, je cherche une photo libre de droits pour faire une puuuuuuub. Vous faites des photos libres de droits ???? »
&#;%¨$*∂‡ , Je vais me la faire, la cocotte !
- « 
Vous entendez quoi par libre de droit Valérie ? »
- « 
Ben, des photos pas chères pour faire ce que je veux avec ».
- ??? « 
Vous en connaissez Valérie, des agences qui vendent des photos pas chères pour faire de la pub » ?
- « 
Ben oui, il y en a plein Internet, Fotolia, istockphoto, Getty, Flickr, il y en a plein partout, mais je trouve pas ce que je cherche ».

Voilà le truc, c’est tous les jours comme ça et c’est fatigant de rabâcher à des soi-disant iconos que le « libre de droit » c’est finalement n’importe quoi car chacun a sa propre définition.
Que le libre droit n’est libre de rien du tout.
Que le libre de droit n’est que la traduction de l’américain de « royalty free » et que la commercialisation des photos en « libre de droit » est illégale en France.
Mais me direz vous, qui se préoccupe de faire respecter la légalité républicaine dans notre pays ?
Illégale en France, mais pas au pays de la liberté, pas aux USA.
J’ai commencé à évoquer au début de mon propos la différence fondamentale entre une photographie et une image, entre un microstock et une agence photographique. Une image impersonnelle opposée à une oeuvre originale.
A cela s’ajoute une différence juridique.
Avez vous remarqué que tous ces microstocks ont leur siège social à l’étranger et en particulier aux USA ou au Canada. Cela leur permet de diffuser sur toute la planète sur la base de la législation américaine. Il y en a un bien connu qui diffuse ainsi en 13 langues, dont le français, qui fait la joie des diffuseurs de notre pays. Ces mêmes diffuseurs français qui s’adressent de temps en temps aux agences françaises (ce qui en reste) lorsqu’ils veulent quelque chose d’original, bien entendu, comme Valériiiiie, en libre de droit pas cher.

« Daniel, Lorsqu’on achète du libre de droit, on achète les emmerdements qui vont avec. Les images ne coûtent pas cher, mais les emmerdements .... »
Le problème, c’est que les emmerdements on ne les a qu’une fois que les carottes sont cuites.
Acheter une image « libre de droit » c’est acheter le contrat de licence qui va avec après avoir signé le « contrat d’adhésion ».
Oui je sais, quand on achète sur le net en cliquant sur « 
download » on n’a pas le temps de lire les 10 pages dactylographiées qui pourtant ont été acceptées . Elles sont même en Français ces 10 pages, sauf que le « contrat d’adhésion » indique au préalable que l’acheteur ne peut se retourner contre le microstock.
Il indique même:
« Ce document a été créé pour une meilleure compréhension de votre part et n'est pas juridiquement contraignant. La version anglaise de ce document est le seul document juridiquement contraignant ».
C’est indiqué au début et à la fin des 10 pages. Il est en Français uniquement pour que l’acheteur coche la petite case « j’accepte ». Après et seulement après, il pourra cliquer sur « download » pour acheter les photos dont le prix est fonction du poids (en pixels) de la photo.
A chaque poids de photo correspond une licence.
Donc pas la peine de lire, il suffit de faire traduire le « contrat d’adhésion » par un juriste américain (de confiance) si vous voulez vous mettre à l’abri. Vous verrez ce n’est pas cher du tout. Si si ;-).
Le gag c’est que l’acheteur signe qu’il a fait appel aux juristes adéquats avant d’accepter le contrat.
Sachez aussi, qu’en cas de problème notamment sur le droit à l’image, le diffuseur (l’acheteur) aura à assumer la totalité des frais de justice mais aussi les énormes pénalités. Pire il s’engage à défendre les intérêts du microstock.
Incroyable mais vrai.
Mais ce n’est pas tout, vous allez me dire qu’en vertu de l’article
L'article L.121-20-6 du Code de la consommation vous pourrez vous sortir du bourbier. C’est mal connaître les zozos qui ont pondu le contrat d’adhésion. Ils ont tout prévu car en cochant la petite case « j’accepte », vous acceptez de renoncer à la législation Internationale en matière de commerce. La seule valable, c’est la législation américaine.
C’est beau non ?
C’est Nord-Américain.
Allez faire un petit tour
ici et faites l’effort de tout lire.
Pour accéder au contrat d’adhésion, cliquez sur « inscription » en bas à gauche.

Libre de droit ne veut pas dire gratuit.
Il ne faut pas exagérer non plus, ces microstocks sont là pour torpiller les vraies agences mais il faut quand même qu’ils couvrent les frais et même qu’ils gagnent des sous.
Le prix de la photo « libre de droit » est proportionnel à la taille (en pixels) et non à l’usage qui en est fait. On peut presque tout faire avec et cela sans limite de temps.
Les prix vont de 10 centimes à 20, 30 euros, et plus pour les photos en « droits gérés ».

« Si vous êtes à la recherche d'une image unique, consultez nos images à droits gérés. Elles sont souvent plus originales que celles libres de droits ».
J’ai piqué ce précieux conseil qui vaut son pesant de cacahuètes sur un microstock très connu.

Le libre de droit est donc un système commercial dont le seul but est à la fois de faciliter la vente automatique sur le net et de tuer le Code de la Propriété Intellectuelle qui est l’unique garantie du photographe.

Afin de rendre les microstocks plus attractifs et pour cela de capter les talents qui ne veulent pas embrasser le métier de photographe, les microstocks ont ajouté de belles photos en « droits gérés » qui coûtent beaucoup plus cher mais qui n’intéressent pas beaucoup les diffuseurs, justement parce qu’elles coûtent plus cher.
Des photographes professionnels ont tenté l’expérience de mettre de belles photos sur un microstock en exigeant qu’elles soient vendues en « droit gérés » et ainsi regagner par une diffusion mondiale, les sous qu’ils ne gagnent plus en France.
Rien, nada. C’est trop cher et on met ses photos en danger car soumises au pillage de commerçants sans foi ni loi.
Alors, vendre son droit d’aînesse pour pas une lentille ?




Gris2

APERTURE à OBJECTIF BASTILLE le 13 Avril prochain


Aperture450

Apple vient de sortir la version 3 d’Aperture.
OBJECTIF BASTILLE, toujours à la pointe, propose aux photographes une journée de démonstration du logiciel.
Journée gratuite bien entendu. Néanmoins si vous désirez me payer un café Aux Ateliers ou pourquoi pas, un verre de rouge au Tarmak ........
APERTURE est mon logiciel préféré pour passer du RAW au JPEG et donc pour optimiser mes fichiers avant d’aller à l’impression.
Cette dernière version va très certainement me conduire à me passer de Photoshop. En effet, elle introduit avec les « pinceaux » des retouches très précises qui faisaient défaut jusqu‘à aujourd’hui et qui me faisaient lorgner sur Lightroom.
Pour ceux qui ne connaissent pas du tout le logiciel, il est intéressant de préparer cette journée en faisant un petit tour ici.