LA CARTE DE PRESSE.
Le droit au travail est indivisible !
Avons nous le droit de vivre ?
On oppose souvent, dans les milieux bien pensants, le droit au travail au droit de grève.
Les méchants grévistes empêchent les gentils travailleurs de travailler.
Qu’en est-il pour les gentils auteurs photographes indépendants ?
Polnareff fait ce qu’il veut chez lui:
C’était l’un des thème de discussion que nous avions avec mon voisin, artiste peintre, après qu’il meut annoncé en se gondolant devant mon saucisson et mon Haut Médoc que mes « copains photographes » s’étaient faits virer de la Première de Polnareff de passage chez nous le 2 Mars dernier pour remplir sa tirelire.
T’as vu ça où ?
A la, radio hier au soir.
???
Je saute sur mon Powerbook et je trouve effectivement en légende d’une photo virtuelle du Monde du 3 Mars « Les photographes des agences de presse n'ont pas pu assister au concert ». Pas de commentaires, pas d’explication.
Après avoir pleinement profité des bienfaits du « Moulin de la Lagune » (Chez Nicolas), je me suis remis à la recherche de photos du spectacle. Rien, nada !
Peut-être en cherchant du côté des syndicats des photographes de presse ?
Bingo !!
Je tombe sur un communiqué de presse de l’ANJRPC en date du 1er Mars (la veille) :
L’Anjrpc-FreeLens, qui regroupe depuis 1962 les photographes de presse et d’information - qu’ils soient pigistes indépendants ou collaborateurs d’agences -, dénonce la tendance de plus en plus fréquente à dénier le droit des photojournalistes d’exercer leur métier en toute liberté.
A plusieurs reprises, ces dernières semaines, les photojournalistes se sont vus refuser l’accès à des conférences de presse. Tel a été le cas, le 21 février dernier, lors de la conférence de presse du Groupe EDF qui présentait ses résultats de l’année 2006, ou encore le lendemain lors de la conférence de presse du Groupe AXA.
Dans le même esprit, l’organisation de pools par les services de presse des partis politiques lors des meetings exclue de plus en plus systématiquement les journalistes freelance. Certains d’entre eux ont été malmenés par les services d’ordre. Quant aux photographes « sélectionnés », ils sont souvent relégués à distance de l’événement.
L’Anjrpc-FreeLens s’inquiète de ces pratiques qui tendent à se répandre. Comment rendre compte de l’actualité en toute indépendance si les photojournalistes sont soumis autoritairement à des « accès réservés » ?
L’Anjrpc-FreeLens rappelle que les photojournalistes sont des journalistes à part entière. Informer par l’image n’est pas moins louable que rendre compte par l’écrit. Il est inacceptable que la liberté d’informer s’applique différemment aux uns et aux autres.
De plus, nous constatons que la confusion entre information et communication s’aggrave de jour en jour. Qu’une entreprise ou un parti politique emploie des rédacteurs ou des photographes pour produire des outils de communication ne saurait remplacer une information digne et indépendante.
Dénier le droit des photojournalistes à exercer leur métier en toute liberté est une remise en cause du droit à l’information considéré en France comme une valeur fondamentale de la démocratie.
Association Nationale des Journalistes Reporters Photographes et Cinéastes - FreeLens - 121 rue Vieille du Temple 75003 Paris
Et oui, la carte de presse ne suffit plus pour faire des photos.
Polnareff a embauché quelques photographes au forfait afin de vendre l’exclusivité des photos à un média fortuné. Ce peut être un Magazine ou une agence internationale pouvant diffuser sur toute la planète et donc gagner plus qu’elle aura cédé au chanteur.
C’est le business coco, et là, on est loin du droit d’informer. On verra qui a fait le bon coup dans quelques jours.
C’est un spectacle privé et Polnareff fait ce qu’il veut chez lui.
Que voulaient donc cacher EDF et AXA ?
Eux aussi ferment les portes aux photographes possesseurs de la carte de presse. Là il ne s’agit pas de vendre des photos en exclusivité à un média mais au contraire de rester le plus discret possible sur des choses que ne devaient pas savoir les citoyens Français, les profits historiques,réalisés en 2006 :
- AXA = + 5100 millions € et + 437,4% en 2006
- EDF = + 5605 millions € et +1065,3% en 2006
Chacun comprendra que de tels résultats révélés aux électeurs risquaient de contrarier le discours de certains candidats à la Présidentielle.
La loi Française fait obligation aux entreprises de publier leurs résultats financiers. Il faut constater que la loi n’est pas la même pour tous.
Un photographe indépendant tentera de passer, mais un photographe salarié restera aux ordres de son patron sous peine d’aller vendre des rutabagas.
Les politiques, eux, veulent maîtriser leur image et faire voir ce qui doit être vu et rien d’autre. Cela ne les empêchera pas de nous parler de la liberté du travail.
Ils nous disent que les Français doivent travailler plus pour gagner plus.
Comique non ?
On demande que ça, nous de travailler. Alors ?
Chers camarades photos journalistes, ne vous plaignez pas , vous avez encore l’abattement fiscal et vous pouvez rentrer gratos au Louvre. Vous voyez que ça sert encore la carte de presse.
;-)
Quand les photographes sportifs s’en mêlent :
Ce qui se passe, dans le News, le people, le politique, se passe aussi dans le milieux du sport mais avec une petite particularité.
Là, ce ne sont pas les gardes du corps ou les « costars noirs» de la sécurité qui font le ménage mais des journalistes titulaires de la carte de presse syndiqués à l’Union Syndicale des Journalistes Sportifs de France qui décident de qui peut travailler et qui ne peut pas. Leur décision est sans appel.
Selon quels critères et au bénéfice de qui ?
Là, c’est une longue histoire que je vous raconterai certainement un jour.
;-)
Aujourd’hui, il est impossible de travailler au Stade de France, au Parc à Bercy , etc.. pour une compétition Nationale ou Internationale si on n’est pas syndiqué à USJSF et (ou) si on n’est pas possesseur de la carte de Presse.
Ainsi, la carte de presse n’est plus une carte d’identité professionnelle mais une carte de travail qui autorise de travailler.
Ca ne vous rappelle rien ?
Ca y est, ça me reprend …. Vite Lexomil , calme cool zen.
;-)
Il y a de plus en plus de photographes indépendants qui n’ont plus leur carte de presse car ils ne vendent pas suffisamment pour la presse. Les filaires et les Américains ont tout piqué.
Ouvrez les quotidiens et les magazines et faites les comptes.
Les salariés AFP, AP, Reuters, PQR et agences de presse ont 99% des parutions.
Il ne reste donc plus rien pour les photographes indépendants. Ils ne peuvent plus avoir comme autrefois, leur 50% de vente presse.
Les photographes indépendants Français peuvent aller photographier dans n’importe quel pays du monde mais pas en France. Par contre, les photographes étrangers qui n’ont pas de carte de presse (elle n’existe pas chez eux) peuvent venir photographier en France.
Alors on triche en se faisant accréditer par un journal étranger, mais cela ne durera pas, car personne n’est dupe.
Plusieurs centaines (milliers peut-être) de jeunes sortent tous les ans des écoles de photo avec des CAP, des BTS et plus encore, pour se retrouver à scanner des films à longueur de journée.
Personne n’embauche un photographe sans expérience et plus généralement personne n’embauche.
Qui va leur mettre le pied à l’étrier, leur prêter du matériel, les faire rentrer sur les stades pour qu’ils se frottent à la réalité du métier ?
On n’est pas photographe à la sortie de l’école. On a les bases techniques indispensables qui permettront une expression artistique personnelle qui se construit au contact des autres. Qui va faire ce travail ?
Certainement pas les photographes salariés des Agences, ils ont autre chose à faire. Ils sont payés pour produire, pas pour former.
Il faut être accro à la photo et mettre l’esthétisme au dessus de tout pour donner de son temps et transmettre son savoir. Il faut vouloir créer pour fabriquer un photographe.
La question fondamentale qui est posée est :
Peut on, dans notre pays, faire de la photo sans vouloir faire de l’info ?
Dit autrement, peut on être photographe auteur et en vivre sans pour autant être journaliste ?
- Si oui, il faut respecter notre droit au travail et donc nous laisser travailler.
- Si non, il faut changer les conditions d’attribution de la carte de presse, ou la supprimer.
Pourquoi, si la carte de presse est un principe, nous interdire seulement les compétitions les plus rentables du TOP 14 ou de la 1ere Division ?
Cela voudrait il dire que la sanction est « économico-politique » ?
Pourquoi, si la carte de presse est un principe, autoriser les photographes étrangers si non parce qu’ils ne font pas concurrence à certains médias Français ?
La Cour Européenne des Droits de l’Homme dira certainement son avis sur cette question d’entrave à la liberté du travail.
Certains pourraient penser que j’oppose les photographes salariés aux photographes indépendants.
Non non, il ne s’agit pas de cela du tout. Je m’oppose à des comportements de certains journalistes salariés ou pas, photographes ou pas, ou plutôt au rôle qu’on leur fait jouer et qui risque de se retourner à terme contre eux.
Je l’ai déjà dit et je le répète, il y a des photographes salariés qui sont de véritables artistes, de vrais créateurs mais qui n’ont ni le choix du sujet ni celui de la publication.
Combattre les auteurs photographes et vouloir supprimer le droit d’auteur procède de la même démarche, supprimer la création. Supprimer la création c’est supprimer le meilleur, la référence, la concurrence, pour faciliter la banalité, la médiocrité ,etc… et ouvrir une voie royale aux mammouths de la vente de masse sur le net, Vous connaissez la chanson.
Pour supprimer la création il faut supprimer ou s’attaquer au code de la propriété intellectuelle qui protège aussi les photographes journalistes salariés. Le CPI leur garanti la propriété morale de leurs photos.
Que deviendront-ils lorsqu’ils seront dans une charrette de licenciements. La réponse sera différente s’ils ont un trésor de guerre. A condition bien entendu, qu’ils fassent marcher leur tête plutôt que leurs tripes.
Que va t’il se passer pour les photographes quand Lagardère va racheter tout ce qui reste en matière de photo sportive ?
Depuis quelques années , dans le milieux du sport (et ailleurs) le nombre de photographes salariés est en baisse régulière et aujourd’hui on s’attaque aux indépendants.
Alors camarades de l’USJSF, allez vous contraindre le Syndicat des Auteurs Photographes de Sport de France à avoir recours à la grève pour que vous accordiez à ses adhérents un droit Constitutionnel, le droit au travail ?
Tout simplement, le droit de vivre.
Bon, je vais retourner la terre de mes tomates, ça me changera les idées.