Les tentacules de la pieuvre

Je m’attendais un peu à vos réactions au sujet de la carte de presse, mais je ne soupçonnais pas une telle colère et un tel désenchantement de votre part.
Ces réactions ne ciblent pas la Commission de la Carte de Presse, bien que vous soyez nombreux à considérer que les critères devraient être revus car, dites vous, « rien n’est plus comme avant », mais contre le fait qu’elle soit un véritable permis de travail. Il y en a même un (Guy) qui ajoute «
Maréchaaal nous voilàààà.. » Je ne dirai rien sur les qualificatifs (de la même époque) utilisés au sujet de l’USJSF (Union Syndicale des Journalistes Sportifs de France) par certains d’entre vous.

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« Oui oui Daniel, la carte de presse est un vrai « coupe-fil ». Es tu au courrant que grâce à sa carte de presse, un photographe du magazine LA VIE a pu accéder à l’étage interdit au public de la tour Montparnasse afin de s’envoyer en l ‘air 210 mètres plus bas, sans escale ? »
- Il était Canon ou Nikon ?

- Tu devrais adhérer à l’AIPS !
- A laquelle ?
l’Association Internationale pour la Prévention du Suicide ?
l’Association Internationale de la Psychiatrie Spirituelle ?
l’Association Internationale de la Presse Sportive ?
Oui mais la carte de l’AIPS est attribuée en France par l’USJSF.
Défense de rire, la meilleure est à venir :
Le principal partenaire de l’AIPS, savez vous qui sait ?
Ca commence par un G et ça finit par un Y
Getty, bien entendu.
La plus grosse Agence photographique du Monde sponsorise l’organisation chargée de dire au plan International qui peut travailler car bien entendu la carte de l’AIPS est aussi un sésame. Getty voudrait contrôler l’organisme qu’il ne s’y prendrait pas mieux.




- On devrait bloquer les TGV qui transporteront les équipes de la Coupe du Monde de Rugby.
- Et si on envahissait le cours principal de Roland Garros pendant la finale ?
- Pourquoi ne pas occuper les locaux de la Commission de la Carte de Presse ou de l’USJSF, ou de l’EQUIPE ?
- Une manif chez le futur Ministre de Jeunesse et Sport.
- Une sit-in au ministère de la culture.
- On pourrait refuser de payer nos impôts, mais je ne suis pas imposable.

L’imagination est donc au pouvoir, ce qui me paraît normal pour des créateurs.
Vous avez été nombreux à me faire part de situations financières préoccupantes, voire catastrophiques.

- « Quand j’étais chez Stone, j’avais 50%. Aujourd’hui, je suis chez Getty à 30% et il faut que je paye 50 Euros par photo pour qu’elle soit exposée sur le site Internet de Getty ».

- « Je dépose chez Getty, mais je ne me fais aucune illusion, je sers de vitrine pour cacher tout le reste, mais un jour je serais aussi éjecté »


L’hécatombe continu :
Depuis la dernière Grenouille, l’agence EDITING a été liquidée (le 20 Mars dernier).
Dans un communiqué, les photographes actionnaires d’Editing invoquent l’attitude des clients qui exigent des prix toujours plus bas, conséquence de la stratégie des concurrents qui font du dumping pour accroître leur part de marché.
(Voir intégralité du communiqué en fin de Grenouille).
Ce communiqué d’Editing résume exactement, en termes diplomatiques, la situation actuelle.

L’agence VU est dans la tourmente.

Bien entendu, vous êtes nombreux à me dire que vous êtes membres de « Collectifs » afin de mutualiser les dépenses comptables et informatiques, mais vous me dites aussi que vous êtes au SMIC, quand vous y êtes.
Vous me donnez des exemples de sites Internet qui « vendent » a vil prix ou gratos des photos en haute définition.
Certains sites offrent d’excellentes photos d’amateurs ou de « DR » qui cassent véritablement le marché. Fotolia, Flickr, Scooplive, Scoopt, etc …
Entre une photo moyenne gratos et une belle photo à 150 Euros, laquelle va emporter le cocotier ?
Entre une belle photo des essais des 24 heures du Mans 2007 sur Scooplive à 10 euros faite à l’évidence par un « DR » bien introduit dans les stands des constructeurs et celle qu’aurait pu faire un photographe auteur a qui on a interdit l’accès car il n’a pas la carte de presse …..
Ces sites Internet font appel à des photos d’amateurs qui sont contents de voir leurs photos exposées avec une possibilité de vente. Sachant qu’ils n’auront jamais la possibilité de contrôler ce qui a été vendu . Les amateurs ne sont pas à l’origine de l’écroulement des prix du Droit d’Auteur. Ce sont les 2 gros les vrais coupables. En choisissant d’être Auteur Photographe plutôt que Photographe salarié nous avons fait le choix de la création et accepté tout naturellement la concurrence. Que nous soyons passé par une école de photo ou pas, nous sommes passés par le « statut » d ‘amateur et nombreux sont les auteurs photographes qui déposent en Agence en Droit d’Auteur tout en gardant leur métier de salarié. Cela seront de plus en plus nombreux. Car faire du beau nécessite une prise de risque incompatible avec le métier de photographe salarié qui lui, a une obligation de résultat. La création, c’est aussi prendre le risque de déplaire.


Mais à qui profite le crime ?
Qui profite de la mort des Agences et des photographes indépendants ?

Dans son Edito du Numéro d’Avril, le nouveau Rédacteur en Chef du magazine « Le Photographe », indique à propos de la photo d’actu :

« Néanmoins, leur irruption (photos d’amateurs sur le net) dans le champ médiatique avec le soutien des grandes agences mondiales » …etc …

Je partage complètement l’analyse du « Le Photographe » et j’ajoute que lorsque toutes les agences auront été économiquement coulées, et on s’en approche à grand pas, ces sites Internet de photos gratos (ou presque) seront sabordés et les deux mammouths seront les rois du pétrole pour fabriquer du médiocre à des prix élevés.
Vous l’avez deviné, le propriétaire de Scoopt c’est, c’est ?
Ca commence par un G et ça finit pat par un Y
GETTY bien entendu.




Donc pour résumer la situation :
Des auteurs photographes Français à qui des Français (USJSF) interdisent de faire des photos (tout en autorisant les photographes étrangers), contraints à se battre pour travailler, confrontés au dumping des sites Internet gratuits propriété de Getty allié à l’AFP (financée à 40% par les abonnements de l’Etat Français, nos impôts, et dont 3 administrateurs sont nommés par le Gouvernement)

Suis-je un menteur en disant cela ?
Faut-il le dire ?

Aujourd’hui en France les auteurs photographes indépendants déposants en Agence n’ont qu’un seul droit, celui de crever. Dès que des photographes veulent créer une nouvelle structure, on les « assassine ».
L’USJSF passe la tondeuse et Getty passe la faux.
Faut-il qu’ils ne soient pas sûr de leur talent pour en arriver à de telles méthodes.
Faut-il que la culture soit le dernier de leur soucis.
Le fric, le fric …
Bientôt on va nous annoncer la vente de La Joconde à Getty et cela n’étonnera, ni ne choquera personne.
La loi de la jungle profite toujours au plus fort et aujourd’hui le plus fort, c’est qui ?
Les Américains ne font pas dans la dentelle, ils s’emparent de l’art comme ils s’emparent des puits de pétrole. Leur but n’est pas de sauvegarder le patrimoine photographique International (l’histoire du monde). Leur but c’est uniquement de faire du fric même si leur chemin est jonché de « cadavres ».

Il faut faire sauter l’équation :
Deux d’entre vous m’ont reproché de taper sur LAGARDERE (Hachette) qui a eu le mérite (dites vous) de vouloir sauver ce qui pouvait l’être de la goinfrerie Américaine.
Mon propos n’est pas de tirer sur Hachette, mais de dire que les 9 Agences Photos rachetées par Hachette et cédées à Green Recovery ne tiendront pas longtemps en restant dans cette stratégie. Elles ont été par le passé victimes des ogres américains, de leurs méthodes et elles continueront à l’être. C’est inéluctable car elles restent confrontées au même problème à savoir principalement la concurrence déloyale qui empêche de vendre à un juste prix (qui empêche de vendre, tout court).

On ne change pas l’équation en modifiant la valeur d’un paramètre.
Il ne suffit pas de changer de propriétaire ou de gérant pour sauver la situation.
Il faut faire sauter l’équation actuelle et en mettre une autre en place.
Il faut modifier les alliances, les méthodes de travail et respecter les règles du CPI

Les Agences Françaises , la PQR doivent faire bloc avec les Photographes indépendants afin d’opposer à Getty et Corbis, la qualité, l’originalité et une politique tarifaire des droits d’auteurs élaborée avec les médias Français et les syndicats de photographes. L’AFP doit abandonner Getty et participer au redressement de la Photographie Française ou plus précisément des photographes Français mais aussi étrangers travaillant en France. Si la France est la berceau culturel de la photographie, un grand nombre de photographes étrangers et en particuliers Américains contribuent par leur talent à l’œuvre commune. Je peux témoigner de leur attachement culturel et de leur combativité . Ils sont les Manouchian de la photographie Française.

Il ne s’agit pas de sauver une épicerie , il s’agit de la culture.
Et la culture ne peut être soumise à la loi du marché, si non elle est vouée à disparaître.

Oui, je sais , je me répète !
Mon propos n’est pas de désespérer Billancourt car bien évidemment il y a des photographes qui gagnent très bien leur vie. Il y en a moins qu’il y a 10 ans, il y en aura encore moins dans 10 ans si on laisse faire.



Communiqué des actionnaires de l’Agence Editing
Nous tenons à vous informer de la décision que nous avons prise de cesser les activités d’Editing Server et Editing Corporate par le biais du Tribunal de Commerce de Lyon qui en a prononcé la liquidation le 20 mars 2007.
Aprés deux années trés difficiles, dont 18 mois de redressement judiciaire qui ont mobilisé l’énergie et l’engagement de toute l’équipe des salariés et de nombreux photographes, et des résultats plutôt encourageants grace à votre soutien (chiffre d’affaires en progression de 27% en 2005 et 6 % en 2006) nous ne sommes pas parvenus à retrouver un équilibre économique durable.
La sortie du redressement judiciaire le 3 août 2006, qui a été suivie d’une importante augmentation des fonds propres, était la preuve de notre volonté de continuer cette aventure et de maintenir l’existence de cette petite agence sur ce marché de plus en plus imprévisible.
Nous avons maintenu notre confiance à l’ensemble des salariés qui s’étaient totalement investis pendant ces moments difficiles, malheureusement notre modèle économique restait trop lourd et les nouvelles donnes, notamment les exigences tarifaires annoncées en ce début d’année par certains clients ainsi que les stratégies agressives basées sur le développement à tout prix des "parts de marché " de quelques concurrents, ont remis sérieusement en question nos perspectives d’avenir.
Nous avons donc pris la décision de cesser nos activités, de jeter l’éponge.
Depuis 1988, Editing était parvenu à prendre une place respectable sur le marché de la presse française et internationale et nous avons eu de nombreuses satisfactions que nous avons partagées avec les photographes et avec vous.
Nous sommes parvenus à installer plus de 130 000 photographies sur notre serveur pour les mettre à votre disposition. L’agence a réalisé pendant toutes ces années une grande partie de ses missions en accompagnant les photographes sur leurs projets qui ont abouti à un grand nombre de livres et d’expositions, et à des milliers de publications.
Mais les usages et la valeur de la photographie dans la presse ont changé. La place de notre ligne éditoriale, associée à l’ensemble des services que nous tenions à offrir aux photographes, n’est désormais plus tenable malgré notre acharnement à nous maintenir parmi les quelques ilôts de résistance.
Nous tenons à vous remercier de ces années de collaboration en espérant qu’elles vous ont apportées à vous aussi de bons moments et de belles satisfactions professionnelles.
Toute l’équipe de l’agence se joint à nous pour vous transmettre nos voeux d’une bonne continuation.
Serge Challon, Thierry Erhmann, Marie Christine Karsenty, Guillaume Atger, Philippe Schuller, Gérard Guyennon, Eric Karsenty, Jean Paul Bajard, actionnaires d’Editing Server et Frédérique Founés, associée d’Editing Corporate


14 Bits, ça pèse un max.
La carte de 4GO devient indispensable
Peut-être vous êtes vous rendu compte que vos cartes flash rétrécissaient au lavage avec les nouveaux Canon lorsque vous travaillez en RAW. En fait ce n’est pas la carte qui rétrécit mais le fichier qui prend de l’embonpoint.
Le poids du fichier est fonction du nombre de pixel mais aussi de ce que l’on appelle la profondeur de scan ou encore « l’épaisseur » de chaque couche RVB

Explication = 3888 pixels de large multiplié par 2592 pixels de hauteur font 10 millions de pixels , multipliés par 3 ( 3 couches RVB) font 30 millions de pixels.
30 millions de pixels multipliés par 8 bits de profondeur de scan font 240 millions de bits.
240 millions de bits divisés par 8 (car 1 octet vaut 8 bits) font 30 millions d’octets.
Soit 30 MO octets. Je sais, 1KOctet vaut 1024Octets, mais c’est pour faire simple …

Si on travaille en RAW on remplace le 8 bits par le 14 bits et on passe de 30 MO à 53 MO. Cela explique les 12 à 15 MO de chaque fichier sur la carte flash, comparé aux 4 MO en JPEG


3888 x 2592 x 3 x 8
------------------ = 30 MO
8


3888 x 2592 x 3 x 14
------------------ = 53 MO
8

Les Nikonistes sont bien entendu logés à la même enseigne que les Canonistes. Sachant que ces 14 bits sont un plus car ils contiennent plus d’informations et permettent par conséquent un meilleur résultat colorimétrique et une meilleure retouche dans DPP,CNX ou Ligthroom que j’ai adopté. Je traite (catalogage et editing) en temps presque réel les fichiers RAW de 15 MO et les réglages proposés des basses et hautes lumières sont tout simplement géniaux. MacBookPro 2,33 avec 4 GO de RAM.